La station multi-énergies de Châtelaudren-Plouagat mise sur l'économie circulaire

La station multi-énergies de Châtelaudren-Plouagat mise sur l'économie circulaire
Après Trégueux à proximité de Saint-Brieuc et Quévert en périphérie de Dinan, la station d’avitaillement en GNV/bioGNV de Châtelaudren-Plouagat est la troisième ouverte dans les Côtes-d’Armor par la SEM Energies 22 via la SASU BMGNV22. Elle fait bien plus que de distribuer du gaz naturel pour la mobilité. La construction du site prévu pour délivrer aussi de l’hydrogène et de l’électricité a nécessité de réunir 1 546 942 euros HT.
 
Bien qu’elle soit à peine visible de la route départementale qui permet d’y accéder, la nouvelle station de Châtelaudren-Plouagat se retrouve vite en sortant de la N12 à quatre voies reliant la pointe bretonne depuis la région parisienne. Au premier rond-point, il suffit de suivre le panneau « Zone de Kerabel » et d’ouvrir l’œil jusqu’à découvrir le totem d’affichage des prix. Le 16 avril dernier, jour de l’inauguration officielle du site, il affichait 1,599 euro TTC le kilogramme concernant le GNC et 1,745 euro pour le bioGNC. La ligne du gaz vert d’origine locale sera exploitée ultérieurement.

« A terme, le GNV breton permettra de garantir une non volatilité des prix du carburant », indique-t-on chez Energies 22. Présent à l’événement, David Colin, directeur territorial régional GRDF Bretagne, a précisé : « On démarre avec une énergie fossile puis on bascule ensuite au bioGNV ». De son côté, Jean-Michel Geffroy, président de Leff Armor Communauté dont la commune de Châtelaudren-Plouagat fait partie, a promis de continuer à jouer un rôle de facilitateur, cette fois pour « la fourniture du gaz naturel vert issu des méthaniseurs locaux ».

 

A quelques kilomètres d'un projet novateur

Depuis l’ouverture il y a environ un mois, déjà 8,8 tonnes de gaz ont été vendues à la station de Châtelaudren-Plouagat. Une activité confirmée par le ballet des camions qui sont venus s’avitailler pendant la cérémonie d’inauguration.

Actuellement, le GNC distribué sur place est prélevé sur le réseau. Idem pour le bioGNC dont l’origine vertueuse est garantie par des certificats. Sa déclinaison bretonne pourrait à terme profiter des services de l’usine Gazéa de Plélo distante d’à peine plus de 2 km de la nouvelle station à l’enseigne de BMGNV22. Cette unité poursuit un projet en exploitant un traitement aujourd’hui unique au monde imaginé par l’entreprise Sublime Energie. Il comprend l’épuration et la liquéfaction du biogaz. Le tout favorise une production rentable de biométhane par les petites exploitations et/ou celles trop éloignées du réseau de gaz.

La collecte s’effectuerait de façon expérimentale par camion dès l’année prochaine. Le démonstrateur qui démarrerait alors dans des conditions réelles d’exploitation sortirait de l’ordre de 180 tonnes de carburant à l’année. Le portage pour livraison pourrait également être réalisé par la route ou en injection sur le réseau.
 
Que peut-on imaginer à l’avenir comme lien entre Gazéa et le site de Châtelaudren-Plouagat ? Chargé de mission GNV et gaz renouvelables pour Energies 22, Vivien Lazuech nous répond : « Cette station n’a pas vocation à délivrer du GNL. Toutefois, de façon encore embryonnaire aujourd’hui, nous espérons que Gazéa puisse nous proposer du GNC à un tarif concurrentiel. Dans ce cas, il pourrait nous fournir une partie du bioGNC breton distribué à Châtelaudren-Plouagat ».

Conçue par Mesure Process en lien avec le cabinet IMING, la station compte 4 pistes à partir desquelles il est possible d’effectuer le plein avec des pistolets NGV1 et NGV2. Sur place, un stockage de 4 000 litres en bouteilles sous rack qui correspond aux besoins pour trois camions. Deux impressionnants compresseurs 270 kW à quatre cylindres dotés d’un débit individuel de 720 Nm3 à l’heure permettent de faire monter la pression depuis les 3 bars du réseau jusqu’à 250 bars.

« Ils fonctionnent en alternance, assurant ainsi un taux de disponibilité élevé de la station », précise Vivien Lazuech. Les pistes sont abritées par des ombrières recouvertes de panneaux photovoltaïques. Avec une puissance crête de 145 kW, cette centrale couvrirait la consommation électrique de 50 foyers, hors chauffage.
 
 

Ne pas attendre la maturité d'autres technos pour agir

La mobilité au GNV/bioGNV retrouve des couleurs en Bretagne avec des acteurs qui savent s’adapter et persévérer dans leurs efforts. Président du syndicat départemental d’énergie des Côtes-d’Armor, Dominique Ramard a indiqué que la station de Trégueux, première ouverte dans le département par la SEM du SDE22, « marche très bien » et que celle de Quévert « décolle grâce aux bus de Dinan ».

Les invités présents à l’inauguration ont pu constater que le site de Châtelaudren-Plouagat connaît déjà une belle fréquentation alors qu’elle n’est ouverte que depuis le 6 mars de cette année. Son activité devrait croître grâce à la campagne de sensibilisation qui va être menée auprès des transporteurs et industriels implantés sur le territoire de Leff Armor Communauté. Il s’agit de les inviter à penser au GNV en décarbonant leurs flottes.

En Bretagne, 14 stations sont actuellement opérationnelles. En 2025 ou 2026, leur nombre devrait passer à 19. Trois localisations ont déjà été indiquées pour les Côtes-d’Armor : Plouisy, Lamballe et Rostrenen. Dominique Ramard a expliqué cette volonté de pousser cette énergie pour la mobilité en raison de « l’urgence climatique » qui appelle à « ne pas attendre que les autres technologies soient matures ».

 

Pour les particuliers et véhicules légers aussi

Disposant comme les trois autres départements bretons d’un important potentiel de production de biométhane, les Côtes-d’Armor veulent faciliter l’adoption du GNC/bioGNC pour tous les types de véhicules routiers, depuis les camions et autobus jusqu’aux voitures et utilitaires légers, en passant par les bennes à ordures ménagères. C’est pourquoi Energies 22 propose aux professionnels un accompagnement dans la conversion des flottes. Il commence par une étude préalable afin d’évaluer le potentiel en rapport avec les besoins du terrain. Pour effectuer régulièrement le plein à la station à l’enseigne BMGNV22, un compte client pourra être créé avec délivrance d’un badge reconnu par les appareils de distribution sur place, mais aussi dans tout le réseau breton.

Le site est également ouvert 24/7 aux particuliers avec la possibilité de régler avec une simple carte bancaire. Puisque les constructeurs boudent le GNV/bioGNV pour le fonctionnement des voitures et des utilitaires légers, Energies 22 a déjà montré qu’il existe avec Borel la possibilité d’acquérir des véhicules neufs avec une installation en première monte. Le Renault Kangoo livré en janvier 2024 a déjà convaincu l’entreprise Le Du située quasiment en face de la nouvelle station d’en commander un exemplaire. Il lui a été très symboliquement livré le jour même de l’inauguration par l’entreprise quarantenaire grenobloise.

 

Hydrogène et électricité

Entre Energies 22 et Le Du, l’histoire ne s’arrête pas là. Spécialisée dans l’électricité industrielle, l’entreprise a participé à la construction du site dont la raison d’être dépasse la distribution du GNV/bioGNV.

Servant aussi d’outil pour décarboner les flottes de la communauté de communes dans le cadre de son plan climat air-énergie territorial (PCAET), il compte deux autres zones. En plus d’un bout de foncier réservé à l’hydrogène quand émergeront potentiellement une demande et un besoin sur le territoire, deux bornes de recharge pour véhicules électriques sont déjà disponibles. Leur nombre est susceptible d’évoluer en fonction de la fréquentation.

Là aussi, Energies 22 innove. En plus d’un classique chargeur ABB Terra DC doté d’une puissance de 184 kW pour deux points de recharge CCS, l’établissement compte un tout nouveau matériel conçu et fabriqué par l’entreprise bretonne Drop’n Plug. Il s’agit d’une borne accélérée à trois points, dont l’un présente une prise Type 2 pour une connexion en courant alternatif. C’est le schéma classique en France, qui privilégie les voitures embarquant un chargeur 22 kW, essentiellement des Renault comme la Zoé u la Megane E-Tech.



Le problème des bornes 22 kW AC que l’on voit un peu partout en France, c’est qu’elles ne sont pas adaptées à une majorité de véhicules électriques du fait du chargeur 7 ou 11 kW qui les équipe. D’où des temps de recharge long qui peuvent dépasser les 12 heures, surtout quand deux voitures sont branchées sur le même matériel. La puissance est alors souvent divisée par deux. Avec des pénalités qui démarrent de plus en plus souvent au bout de 5 heures, l’électrique peut alors devenir plus chère que de rouler au gazole.

D’où l’intérêt de la nouvelle borne Drop’n Plug qui fournit avec la même grille tarifaire du courant continu à un peu plus de 22 kW via le connecteur CCS. A Châtelaudren-Plouagat, le kilowattheure est facturé 0,33 euro TTC, avec une pénalité horaire de 0,20 euro par minute qui s’active après 5 heures de branchement en dehors des horaires de nuit (21 h 00 - 07 h 00). Pour comparaison, l’unité est à 0,55 euro sur le chargeur ultrarapide ABB Terra DC où la tarification dissuasive à la minute s’ajoute au bout d’une heure. Pour profiter au mieux de ce système, il faut être abonné au service Ouest-Charge. Dans le cas contraire, une participation symbolique d’un euro est perçue. Sans compter la commission en passant par un opérateur de mobilité.

Station GNV Bretagne Mobilité GNV CHATELAUDREN-PLOUAGAT
GNC
BioGNC

Radenier
22170 CHATELAUDREN-PLOUAGAT
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Bretagne Mobilité GNV
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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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